le numrique casse les distances (20)

Covid-19 oblige, cet été, les activités collectives étaient difficiles à mettre en œuvre. Plutôt qu'un été « blanc », le CIAS du Pays ajaccien a voulu lancer des activités en visio et gratuites. Il s'agissait de s'adapter aux contraintes sanitaires sans (trop)  perdre le lien social avec les personnes vivant seules ou isolées. Comme le précise la directrice du CIAS, Barbara Serreri, la participation à des activités est un moyen de prévenir la perte d’autonomie.

Pas de freins matériels ni financiers

Selon Barbara Serreri, le matériel n'est pas le plus gros frein. Car beaucoup de personnes possédaient déjà l'équipement nécessaire – « surtout depuis le premier confinement, les familles ont souvent poussé à ce que leurs parents s'équipent » - , et tous avaient une connexion Internet. Il fallait en revanche en accompagner certains pour leur en faciliter l'usage, réussir à charger l'application Zoom, connecter l'écran à la télévision.

Pour empêcher que l'équipement soit un frein pour certains, les personnes les plus isolées ou avec peu de revenus, le CIAS a acheté un stock de tablettes afin de les leur prêter. Le prêt est gratuit. Il est encadré par un contrat de prêt, signé entre le bénéficiaire et le CIAS. Ce prêt s'accompagne d'une formation pour s'assurer que la personne âgée apprenne à bien s'en servir. C'est un agent du CIAS, familiarisé avec ces outils, qui s'en charge, quitte à aller au domicile de ceux ne pouvant se déplacer. Certains ont depuis acquis leur tablette ou un ordinateur. Au passage, le CIAS a pu aider pour que certains usagers voient aussi leur facture téléphone réduite, en remettant à jour leur abonnement.

Gym, conférences, etc.

Le CIAS avait consulté les seniors adhérents pour savoir quelles activités sportives, ou culturelles, et à quelle fréquence, seraient susceptibles de les intéresser si elles étaient organisées à distance. Ce sondage avait été organisé à la sortie du premier confinement, au printemps 2020. Le CIAS a reçu près de 150 réponses ! Un indicateur du succès futur…

Le CIAS a commencé par proposer un premier planning hebdomadaire avec l'atelier mémoire et la gym le lundi, la conférence histoire de l'art le mardi, la séance zumba le mercredi, etc. Se sont ajoutés des évènements plus ponctuels, par exemple avec des intervenants venus parler de traditions locales, ou d'experts en santé. Le planning est aujourd'hui arrêté pour le trimestre, avec des activités récurrentes, auxquelles continuent de se greffer des interventions plus thématiques, par exemple en lien avec la journée de l'audition, ou celle des droits des femmes. L'information passe par les canaux habituels : relais et médias sociaux, presse locale, spots radio, flyers. Bref, tous les supports sont concernés.  

L'effet positif de la crise sanitaire

Ces activités redeviendront en présentiel dès que cela sera de nouveau possible. « Les personnes âgées n'attendent que cela », mesure la directrice. Mais la visio continuera aussi. Tout simplement parce qu'elle a trouvé un public et a démontré un certain nombre de vertus pratiques. Les deux principales étant que cela permet de proposer une même activité à davantage de personnes, et de motiver des personnes qui n'y auraient pas participé, notamment parce qu'il est plus simple de brancher son « appli » que de se déplacer lorsque l'on habite dans un hameau isolé ou que l'on ne se déplace pas aisément… Cela facilite aussi la démarche pour les personnes timides. Le CIAS en a quant à lui également profité pour élargir les publics visés, au-delà des seniors. Des parents ont été intéressés pour échanger ou écouter des intervenants expliquer comment occuper ses enfants, comment gérer les problèmes liés aux écrans…

L'idée est donc, à l'avenir, de continuer à utiliser la visio, en complément du présentiel. L'équipe travaille même à la création d'une chaîne Youtube, « car on a identifié deux besoins, précise la directrice, celui de continuer à proposer des animations, mais aussi de l'information et des échanges ».

Un sursaut des inscriptions

La visio casse les distances, dans tous les sens du terme d'ailleurs. Cela se mesure dans la fréquentation des activités : le CIAS a enregistré 250 nouvelles inscriptions sur l'offre en visio, par rapport à l'offre en présentiel. La majorité a plus de 65 ans. Mais il a fallu être patient. Car les premières semaines, le rythme des nouvelles adhésions était plutôt laborieux. Et le jour J, les connexions étaient moins nombreuses que prévu. « Cela nous a même fait douter », confie la directrice. Il suffisait d'être patient, et de compter sur le « bouche-à-oreille ». Aujourd'hui, en moyenne, 15 à 20 personnes se connectent par atelier. « Je crois que dans un premier temps, les gens ont voulu tester, il a fallu dépasser les soucis techniques, et certains avaient encore l'espoir que les activités reprennent normalement », continue la directrice. Et puis, de nouvelles habitudes se sont créées, des réticences se sont levées, et surtout, « les personnes se sont approprié le dispositif ».

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